Le blog
13 Avril 2012
Certains y mettent les pieds tous les week-ends pour supporter leur équipe favorite. D’autres les connaissent de nom. Mais que cachent ces fameux noms ? Le nom… des stades de football, bien sûr !
Que vous soyez fous de foot (ou pas), vous connaissez forcément quelques noms de stades célèbres. Parce que les stades font partie intégrante d’une équipe et de la vie d’un club. En effet, que serait l’OM sans son Vélodrome ? L’équipe de Montpellier serait-elle aussi performante sans son stade de la Mosson ? Les Lyonnais rugiraient-ils aussi fort sans Gerland ? Vous l’aurez compris, les stades occupent une place à part. Pourquoi ? Petite revue de détails de ces stades qui font l’histoire d’un club*.
Quel est ton nom ?
Certains stades ne portent pas de noms particulièrement singuliers. Voire des noms très neutres. C’est le cas, par exemple, du stadium municipal de Toulouse (35 500 places) qui accueille les matches de football et de rugby. Mais aussi du parc des sports d’Evian T-G (15 700 places), du stadium Lille-Métropole (18 000 places). Les Lillois attendent avec impatience leur VRAI stade. Ou encore du célèbre Vélodrome de Marseille (60 000 places). Ce dernier a su faire de ce nom banal (des vélodromes, il y en a beaucoup en France…), un lieu mythique pour Marseille et le football français en général. Inauguré en 1937, il a subi un « relooking » dans les règles pour la Coupe du monde 1998, passant de 35 000 à 60 000 places.
Un nouveau coup de jeune : projet de rénovation du stade Vélodrome à Marseille
Livraison 2014...
Cours de géographie
Mais les clubs se creusent (parfois) la tête pour trouver un nom pour leur stade. S’ils ne cherchent pas forcément très loin (n’en demandez pas trop…), cela permet aux supporters de toute la France de connaître (au moins de nom) certains quartiers de nos belles régions. La preuve avec Montpellier et son stade de la Mosson (33 000 places). Que celui qui sait ce qu’est la Mosson me jette la première pierre… Grâce au football, c’est chose faite. La Mosson n’est autre qu’une rivière qui coule à proximité du stade. CQFD. Même cas de figure quelques kilomètres plus loin à Lyon. Le stade Gerland (41 000 places) doit son nom au quartier de Gerland. Mais après de belles histoires (dont la venue du Pape Jean-Paul II en 1986), l’histoire de l’OL va s’écrire au stade des Lumières. En effet, un projet de grand stade est en cours de réalisation. Fin en 2014.
Bientôt Lyon aura un beau stade. Un grand stade !
Sur les routes de France…
Notre tour de France se poursuit à Rennes et son stade de la route de Lorient (30 000 places), nommé aussi parc des sports du Moulin de Comte. Il pourrait être rebaptisé Fortuneo Stadium. Merci le Crédit Mutuel ! A Valenciennes, ils ont opté pour la sobriété avec le stade du Hainaut (25 000 places), en référence à la région transfrontalière du même nom. Inauguré en juillet 2011, il s’apprête à accueillir une grande équipe : l’équipe de France en mai prochain. Direction Nice et ses hôtels de luxe. Mais pas que. Il y a aussi le stade du Ray (18 500 places). Ou plutôt le stade Léo Lagrange (sous secrétaire d’Etat aux sports et à l’organisation des loisirs sous le Front Populaire). Mais personne ne l’appelle ainsi. Le Ray est plus fédérateur puisqu’il s’agit du quartier où se trouve le stade. Mais en 2013, un nouveau stade devrait voir le jour : l’Olympic Nice Stadium. A Paris, ils ont le parc des princes (48 000 places). Inauguré en 1897, il s’agit en réalité du stade vélodrome du parc des princes. S’il a vu les rois de la pop défiler (Mickael Jackson, les Rolling Stones, David Bowie, Coldplay et même Johnny Hallyday), il doit son nom à l’emplacement qu’il occupe : un ancien espace boisé où le roi et les princes avaient l’habitude de se balader. De nos jours, d’autres princes ont pris la relève : Néné, Pastore, Sakho,… Tout simplement.
Le parc des princes, vu de haut...
Un peu d’histoire
Partir à la découverte des stades de France n’est pas une sinécure. Mais pas un calvaire non plus. En effet, derrière chaque nom de stade se cache une histoire… qui, souvent, s’inscrit dans la grande histoire. Geoffroy Guichard, Chaban Delmas, Marcel Picot, Gaston Gérard, Francis Le-Blé, Michel d’Ornano, François Conty, Yves Allainmat, Auguste Bonal et l’Abbé Deschamps ont tous marqué la vie de leur club et de leur ville.
A Saint-Etienne, c’est le fondateur des magasins Casino, Geoffroy Guichard, qui a œuvré pour bâtir le stade (35 600 places). Le « chaudron » a la particularité d’être « à l’anglaise », c’est-à-dire de ne pas avoir de virages.
Le stade Geoffroy Guichard, dit "le chaudron"
Les Girondins de Bordeaux ont vu leur stade (34 700 places) changer d’identité. Après des années à Lescure, ils jouent depuis 2001 à Chaban Delmas (célèbre homme politique et maire de la ville entre 1947 et 1995). Mais bientôt, ils rejoindront le grand stade en construction dans le quartier du Lac.
Le grand stade de Bordeaux prendra ses marques au Lac
Du côté de Nancy (20 000 places), c’est Marcel Picot qui est à l’honneur. Jadis dénommé parc des sports du pont d’Essey et stade de l’université, il prend le nom du président de son club en 1968. Pour un chapelier à succès, c’est un joli coup de chapeau.
Un peu plus loin, à Dijon, Gaston Gérard, député-maire de 1919 à 1935 et premier ministre du tourisme, voit son nom associé au stade de la ville (16 000 places)… et à une recette de poulet (à base de jus, fromage râpé, vin blanc de Bourgogne, moutarde et crème). Miam !
Les Bretons ne sont pas en rade avec leur stade de l’Armoricaine (16 000 places), rebaptisé du nom d’un ancien maire de Brest, Francis Le-Blé.
A Ajaccio (11 000 places), ils ont fait la même chose en optant pour François Conty (ancien maire et homme politique corse).
A Lorient, Yves Allainmat (ancien maire et vice-président de l’Assemblée Nationale) a donné son nom au stade (18 500 places)… Oui, mais personne ne l’appelle ainsi. C’est le stade du Moustoir (du nom du quartier) qui remporte les suffrages.
A Sochaux, le football prend des airs d’après-guerre. C’est en effet Auguste Bonal, ancien dirigeant sochalien tué par des Allemands lors de la seconde guerre mondiale qui donne son identité au stade (20 000 places).Avec sa pelouse chauffée, il n’a rien à envier aux grands.
De la neige... et une pelouse chauffée !
Impossible de faire le tour des stades sans parler du fameux stade de l’Abbé Deschamps (21 400 places) à Auxerre. Si Guy Roux est une figure emblématique du club, c’est le fondateur de l’association pour la jeunesse auxerroise (A.J.A) qui a le privilège d’être écrit en grosses lettres sur le stade. Depuis 1949, l’ancien stade de la route de Vaux a emprunté le nom du prêtre Ernest-Théodore Valentin Deschamps.
What is your « naming » ?
Le nom d’un stade est une identité pour le club. Mais l’avenir des stades est en jeu… et un enjeu pour les clubs ! L’Euro 2016 (qui se déroulera en France) approche et les clubs s’activent pour se doter de stades dignes de ce nom. Certains se refont une beauté : le Vélodrome, Geoffroy Guichard, le Stadium de Toulouse… D’autres clubs ont vu les choses en grand en s’offrant un stade tout neuf : Lyon, Lille, Bordeaux, Nice,… Un chantier qui a un prix. L’heure du « naming » semble avoir sonné pour la (sur)vie des équipes. Des dépenses de plus en plus folles (et je ne parle pas du PSG…), des charges de plus en plus lourdes et des impératifs financiers croissants sont autant de raisons qui poussent les clubs à vendre (leur âme au Diable) le nom de leur stade (et leur identité par la même occasion) à des marques. Hors de nos frontières, c’est Arsenal qui a donné le coup d’envoi de cette nouvelle mode en rebaptisant son stade : Emirates Stadium. Rapidement d’autres clubs ont suivi comme l’Allianz Arena à Munich, Philips Stadium à Eindhoven, AOL Arena à Hambourg, Reebok Stadium à Bolton… En France, le précurseur en la matière n’est autre que Le Mans avec son M.M.Arena. Cette nouvelle vague risque de réserver des surprises plutôt drôles. On peut s’attendre à tout.
Le M.M.Arena au Mans. Nous n'avons pas les mêmes valeurs...
* Pour éviter d’écrire l’encyclopédie des stades français (ce qui s’avèrerait certes intéressant, mais peut-être un peu indigeste), cette tournée ne s’intéressera donc qu’aux stades des équipes évoluant en Ligue 1 cette saison…